(Mise à jour le 27 novembre 2014, voir plus bas)
Tout avait commencé cet été, après avoir entendu une députée au parlement irakien.
Irak : une député yezidi supplie le Parlement … par LEXPRESS
« Sauvez-nous ! », implorait Vian Dakhil, cette députée désespérée, en larmes.
Quel peuple ! Un peu moins d’un million de Yezidis vivent pour la plupart dans le nord de l’Irak, dans la région de Sinjar et les plaines de Ninive, depuis des siècles.
Leur Tradition spirituelle puise ses racines dans les temps les plus anciens de l’Humanité. A propos de leur religion syncrétique, les Yezidis ont joué un rôle important dans le développement des civilisations assyrienne, babylonienne et juive du Moyen-Orient. En fin de compte, les Yézidis ont emprunté des éléments de toutes ces civilisations dans le Yézidisme, y compris certains aspects de la religion zoroastrienne de Perse et d’autres du soufisme islamique. (Yezidis.org)
Le nom de yazidi provient du proto-iranien « yazatah » qui signifie « ange » ou « être suprême ».* Tawsi Melek, « L’Ange Paon », est leur principale divinité qui est le véritable créateur de l’univers. Une mauvaise interprétation de cette divinité contribuera à ce que les Yézidis soient assimilés à des « adorateurs du diable » (lire plus bas). Voici sa représentation (qui a connu beaucoup de changements au fil du temps) :
Il est étonnant de retrouver de caractères cunéiformes dans la partie inférieure de cette représentation. En particulier le signe de gauche, en forme d’étoile, correspondant à DINGIR (qui signifie « dieu » en sumérien et connaît comme équivalent akkadien Ilu(m). Il est représenté par le signe cunéiforme n°13 selon le système Labat. Lointaine correspondance, s’il en est !…
Comment ne pas se souvenir de cette scène du film kurde-irakien « Les Murmures du Vent » (Sirta la gal ba) [article] où l’on entend une femme prononcer une prière qui – à plusieurs reprises – fait mention de Gilgamesh !
Mais à quoi bon cette richesse dans la Tradition : la folie des hommes a encore frappé. Cette fois, les Yezidis sont persécutés par les salafistes sunnites de l’organisation terroriste Da’ech. Se convertir ou mourir, telle était la seule alternative brandie à ceux que les extrémistes sunnites surnomment « adorateurs de satan », réputation complètement infondée qui provient sans doute d’une croyance de la secte en un ange déchu, qu’elle appelle « Malak Tawous », l’Ange-Paon, dont l’histoire ressemble étrangement à celle d’ »Iblis », le diable, l’ange déchu du Coran. (http://www.courrierinternational.com)
La députée yézidi Viyan Dakhil a souligné que jusqu’à 600 femmes ont été retenues en otage dans les prisons situées dans la région de Ninive. Des milliers de femmes en effet ont été enlevées pour être vendues comme esclaves sexuelles. Sont également évoqués des mariages forcés…
« L’État islamique devrait rendre immédiatement les enfants à leurs familles, mettre fin aux mariages forcés ainsi qu’aux abus sexuels, et remettre en liberté tous les détenus civils. Les acteurs locaux et internationaux ayant une influence sur ce groupe devraient plaider en faveur de ces mesures », a déclaré récemment Human Rights Watch.
« Sauvez-nous ! », implorait en août dernier Vian Dakhil, cette formidable députée en larmes, devant le Parlement irakien .
Le 7 octobre, RAW in WAR remet le prix Anna Politkovskaïa 2014 à Vian Dakhil pour le courage avec lequel elle a fait entendre la voix des femmes yazidies et irakiennes.
+++ MISE À JOUR +++
Alerté via Twitter par des représentants des minorités persécutées dans le Kurdistan irakien, voici la traduction d’un article paru le 13 août 2014 intitulé : « Barzani (1) est-il responsable de meurtres de masses et viols de Kurdes Yezidis ? »
(1) Massoud Barzani (né le 16 août 1946) est un leader kurde, président du gouvernement régional du Kurdistan, en Irak et le chef du Parti démocratique du Kurdistan depuis 1979. (Source Wikipedia)
Par Hamma Mirwaisi et Alison Buckley :
Il est difficile de trouver dans le monde un pays dont le chef désarme la population civile et ordonne à ses forces militaires de se retirer sans la défendre au plus fort des hostilités dans une guerre brutale menée par des terroristes. Or c’est exactement ce qui vient d’arriver dans la région autonome du Gouvernement Régional du Kurdistan (GRK – en anglais KRG) de l’Irak. Il y a quelques jours, en tant que commandant en chef des forces militaires du Kurdistan, président du GRK Massoud Barzani a ordonné à ses forces militaires appelées « Peshmergas » et les forces de police locales de se retirer de la région kurde Yazidi sans mettre en place une défense contre les forces de de l’organisation terroriste islamique Da’ech, basée en Irak et en Syrie.
Selon les interprétations de Da’ech en matière de lois islamiques, le meurtre des hommes non-musulmans et l’enlèvement de leurs femmes pour les réduire en esclaves sexuels est autorisé… Bien conscient de ces pratiques, le président Barzani a avancé et a ordonné à ses forces militaires de se retirer sans un seul coup de feu pour défendre les populations ou même tenter de les sauver des combattants violents qui menacaient de prendre leur vie ou en abuser.
Il y a environ un million de personnes qui vivent autour de Mossoul, en Irak, dont la plupart sont des Yazidi Kurdes de la branche Yazidi de l’ancienne religion zoroastrienne kurde, des Shabak Kurdes de la branche de l’islam chiite, les Chrétiens assyriens et des Turkmènes chiites. Toutes ces personnes endurent en ce moment une attaque génocidaire par les forces de Da’ech sans que personne, quel que soit le gouvernement irakien, ne se sente responsable de ce qui leur arrive.
Da’ech a autorisé ses forces militaires à tuer les hommes non-musulmans de ces communautés et de prendre toutes les femmes qu’ils voulaient comme esclaves sexuelles ; un combattant de Da’ech a pris une fillette Chrétienne de sept ans en vue d’être sa femme, (mais elle a été sauvée par les unités kurdes de protection populaire du YPG après qu’ils aient éliminé son «mari»). Des membres de Da’ech hors de contrôle alimentés par de prétendues lois religieuses islamiques anarchiques ont créé des machines à tuer, des unités militaires qui prospèrent sur les assassinats vicieux de civils et l’abus des femmes.
[Article original : http://www.opednews.com/articles/Is-Barzani-Responsible-for-by-Hamma-Mirwaisi-Christian_Genocide_INTERPRETATION_ISI-140813-618.html]
Note :
* Michel Malherbe, Les Religions de l’Humanité, Critérion éd., 701 pages. ISBN 2741301913
Liens :
https://www.facebook.com/vian.dakhil
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